De spectateur à cinéphile

Si vous êtes néophyte ou même aguerri, vous pouvez vite vous sentir perdu dans la multitude de longs-métrages existants. Entre les plateformes, les sorties cinéma, les films à la télévision ou en replay, on ne sait pas par quel bout commencer. Est-ce que je dois absolument voir les films considérés comme cultes, visionner entièrement la filmographie de réalisateurs connus, ouvrir un livre sur l’histoire du cinéma, lister des œuvres par période, par genre ou encore par pays?

Spoiler alerte : il n’y a pas UNE méthode, il faut rester curieux, ne pas fermer la porte à certaines œuvres, laisser une chance aux films et de voir avant de juger.

Pourquoi se forger une forte culture cinématographique en tant qu’acteur ?

Voir des films c’est trouver une source d’inspiration inépuisable, explorer différentes approches et techniques de jeu d’acteur. Vous pourrez ainsi élargir votre répertoire, apprendre et développer vos compétences : comment d’autres acteurs abordent leurs rôles, gèrent leurs émotions et interagissent avec les autres (les makings of sont une mine inépuisable d’informations croustillantes). Vous serez ainsi en mesure de comprendre la narration cinématographique, la structure des scénarios, la composition des plans, la direction artistique etc. facilitant ainsi la collaboration avec les réalisateurs et l’équipe de production. Mais surtout avoir de bonnes bases cinéphiliques permet de reconnaître et d’apprécier les références à d’autres œuvres cinématographiques.

Où visionner et découvrir les films ?

Pour les adeptes des plateformes, ne suivez pas forcément les recommandations de l’algorithme. Il ne faut pas hésiter à fouiller dans le catalogue et pour simplifier la recherche, l’application gratuite JustWatch permet d’accéder à l’ensemble des œuvres proposées de chaque plateforme et avec un système de filtre trier par genre, par pays de production, par année de sortie, par durée… Dans l’onglet nouveauté en un clin d’œil vous aurez accès aux sorties quotidiennes que l’on peut louper dans le flux d’information. Il est également possible d’établir une watchlist. Si vous voulez varier les plaisirs et changer des célèbres plateformes, il en existe de très bonnes comme Mubi, Tënk (faisant la part belle aux documentaires), MK2 curiosity ou encore LaCinetek. Elles proposent pour la plupart des réductions pour les étudiants.

Souvent oubliées, les chaînes de télévision comme France.tv ou Arte proposent de très bons films, dans leur onglet cinéma, avec des sélections thématiques et visible gratuitement ! Aussi selon vos opérateurs internet, vous pouvez avoir accès à des chaînes de cinéma, comme Paramount Channel ou TCM cinéma.

Si vous avez dans votre entourage des amateurs du support physique, il est toujours sympathique de leur emprunter des films (à condition d’avoir un lecteur DVD/Blu-ray). Vous pourrez ensuite en discuter, en débattre et partager vos ressentis.

Les médiathèques sont une source inépuisable de découvertes, c’est un peu comme renouer avec l’essence des vidéo-clubs. N’hésitez pas à piocher dans les rayons, de prendre les boîtiers en main, de lire les résumés, retrouver les coups de cœur des bibliothécaires, des sélections thématiques, des emprunts parfois illimités, un catalogue varié. Il ne faut pas non plus oublier que de nombreux films se trouvent dans les réserves (selon la taille des médiathèques évidemment) donc pas visibles. Vous pouvez, la plupart du temps, accéder en ligne à l’ensemble des catalogues avec la possibilité de les réserver.

Il existe également des lieux spécifiques comme les cinémathèques ou des associations qui vous permettent de visionner des films rares directement sur place. A Strasbourg, il y a notamment à la Maison de l’image, le Lieu Documentaire. Ils proposent des projections gratuites ainsi que qu’un accueil au centre de ressources.

Les cartes de cinéma sont aussi une valeur sûre. Quoi de mieux que de voir un film en salle ! A Strasbourg par exemple, la carte UGC illimité est valable dans TOUS les cinémas de la ville (les cinémas stars, le cosmos, le Vox et évidemment l’UGC). Les salles proposent, en plus d’une très riche programmation, des rétrospectives, des avant-premières, des rencontres, des master class, des débats, des festivals, des soirées quizz… Il est donc intéressant de les suivre sur les réseaux sociaux pour se tenir au courant des événements proposés. Les cinémas stars proposent également pour les moins de 25 ans “le club des jeunes cinéphiles”.

Accéder aux films est facile, mais alors quoi voir ?

Et si vous centralisiez les informations : lister des films que j’ai envie de voir, que j’ai vu… Vous pouvez le faire sur un carnet, sur le bloc note de votre smartphone, sur un fichier Word ou encore sur des applications. Que se soit Senscritique ou LetterBoxd, elles permettent de vous créer votre cocon cinématographique. Si vous entendez parler d’un film qui vous semble attrayant, il suffit de le mettre dans vos envies, vous pourrez ainsi piocher dedans.

Pour les recommandations, il suffit d’être attentif. Votre entourage peut vous conseiller des films, mais il existent aussi de nombreuses chroniques radio ou des podcasts (comme conversations secrètes, le film le plus, Cinéphiles de notre temps).

Des petites pastilles sur Youtube comme celles proposées par Konbini permettent de découvrir les films préférés des réalisateurs et acteurs invités dans l’un des derniers vidéoclubs de France. Il existe aussi de nombreuses chaînes spécialisées comme La manie du cinéma, Alt 236, Le ciné-club de M.Bobine, La séance de Marty, Le coin du Bis, Demoiselles d’Horreur, Karim Debbache (Crossed et Chroma), Blow up…

En guise de conclusion petite sélection de films qui parlent des acteurs et du cinéma

Birdman (2014) d’Alejandro González Iñárritu. Ce film explore la vie d’un acteur qui tente de faire revivre sa carrière en montant une pièce de théâtre.
Boulevard du crépuscule (1951) de Billy Wilder. Un classique du film noir qui dépeint la descente aux enfers d’une ancienne star du cinéma muet.
Being John Malkovich (1999) de Spike Jonze. Une comédie surréaliste qui suit un marionnettiste qui découvre un portail secret dans le bureau de John Malkovich, lui permettant de vivre la vie de l’acteur.
Ed Wood (1994) de Tim Burton. Ce film retrace la vie d’Ed Wood, un réalisateur de films B, et de sa relation avec l’acteur has-been Bela Lugosi.
Millennium Actress (2002) de Satoshi Kon. Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé.
Holy Motors (2012) de Leos Carax. Le film suit un homme jouant de nombreux rôles différents dans le cadre de sa mystérieuse profession.
Rewind this ! (2013) de Josh Johnson. Ce documentaire retrace les répercussions de l’impact des VHS en examinant les innombrables aspects de la société qui ont été modifiés par la création de bandes vidéo.
Side by side (2012) de Christopher Kenneally. Keanu Reeves interroge des cinéastes comme Scorsese, Nolan ou Fincher et des grands techniciens autour des changements liés à la révolution numérique.
Nothingwood (2017) de Sonia Kronlund. Salim Shaheen, l’acteur-réalisateur-producteur le plus populaire et prolifique d’Afghanistan avec pas moins de 111 films à son actif.
Kim’s video (2023) de David Redmon et Ashley Sabin. Jouant avec les formes de divers genres cinématographiques, les cinéastes se lancent dans une quête pour retrouver une légendaire collection de vidéos perdues de 55 000 films en Sicile.
Lost in La Mancha (2003) de Keith Fulton et Louis Pepe. Ce documentaire dévoile les coulisses d’un film inachevé, L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam et de son combat désespéré pour sauver un projet qu’il développait depuis plus de dix ans.